homélie 4 dimanche Avent C

du père Arnaud Brelot

Revisiting the Visitation of the Blessed Virgin Mary

Évangile de JC selon saint Luc : En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »

En ces temps de campagne en vue de l’élection présidentielle, notre société déchristianisée part à la recherche d’un sauveur (dois-je dire par souci d’inclusivisme « ou d’une sauveuse » ?) Seulement le profil du sauveur est bien difficile à tracer : de quel bord politique ? De quoi devra-t-il nous sauver ?  Du réchauffement climatique et de ses conséquences ? Sachant que la France n’émet que 0.9% des émissions de CO2 en 2020, quelle que soit la décision qu’elle prenne cela ne changera malheureusement pas le cours mondial des choses ? De la covid et des dégâts sociaux, psychologiques et économiques qu’elle a provoqués ? De notre chauvinisme culturel ou du multiculturalisme béat qui, s’appuyant sur le wokisme et ses corollaires, anéantit notre culture multiséculaire ? Des migrants perçus comme des dangers ou du danger de notre égoïsme ? Il devra nous sauver de tout et de son contraire car chacun attend des choses différentes de celui ou celle qu’il veut voir accéder au pouvoir. Et c’est bien là le problème fondamental : nous attendons d’un humain qu’il agisse comme un dieu. Nous lui attribuons des qualités et compétences qu’il n’a pas afin qu’il sauve le monde auquel nous sommes tellement attachés. l’espoir sera déçu, car on fait peser sur cette personne une attente à laquelle elle ne peut répondre : n’est pas dieu qui veut.

C’est que le salut ne concerne pas d’abord notre niveau de vie, mais le sens que nous donnons à notre vie. C’est lui qui détermine l’orientation de notre manière de vivre. Or de vision de l’homme, de sa vocation dans la création, de sa finalité, rien n’est dit et même pensé par les hommes et les femmes politiques de notre temps.

Livré à lui-même, coupé de toute transcendance, l’homme est réduit à sa matérialité. Maintenant il ne peut plus vivre sans internet ni téléphone portable, ni sport pour entretenir son corps, mais se passe très bien de la prière, du silence et de la Bible car il ignore désormais qu’il a aussi une âme à nourrir.

Ainsi nous élirons plutôt un sauveteur quand nous aurions besoin de choisir un Sauveur.

Oui, notre Eglise est bien seule et même isolée maintenant pour redire que notre humanité a besoin du Sauveur. Elle a plus que jamais besoin de Jésus, le Christ, celui que Dieu a envoyé pour restaurer notre humanité blessée par le péché et orienter sa marche vers le royaume qui vient.

Ce Sauveur a un profil très particulier que nous révèlent les lectures de ce 4° dimanche de l’Avent 

1: Il sera la paix. Quand nos élus peuvent au mieux travailler pour la paix, le Sauveur est lui-même la paix comme le prophétise Miché dans la première lecture. Il est celui qui assure réellement notre sécurité car il vient vivre en nous, faire corps avec nous. Il n’est pas une paix extérieure et précaire, il est la vraie Paix, la paix intérieure de qui vit de Dieu, en Dieu et pour Dieu. Pensez-y tout à l’heure à la communion : demandez-lui que s’établisse en vous sa paix ! La paix reçue en soit permet la vraie joie.

2: Il fait exulter de joie. Celui que Jésus habite, comme Marie sa mère, dans l’Evangile devient source de joie pour les autres. Quand on vit de Jésus, on amène Jésus avec nous et quand on s’approche des gens alors ils exultent de joie comme Jean le Baptiste dans le sein d’Elisabeth dont elle dit : l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Pensez-y tout à l’heure à la communion : vous qui serez « plein de la vie de Dieu », portez-le aux autres, procurez la joie de sa présence à ceux que vous rencontrerez ou rejoindrez, qu’eux aussi puissent tressaillir d’allégresse en reconnaissant Jésus présent en vous.

3: Il offre sa propre vie pour nous. Le véritable Sauveur fait la volonté de Dieu en allant jusqu’au bout de l’amour. Comme le rappelle l’épître aux Hébreux : c’est grâce à cette volonté que nous sommes sanctifiés, par l’offrande que Jésus Christ a faite de son corps, une fois pour toutes. Oui le Sauveur sauve en mourant. Il ne prend aucune vie, il donne la sienne. Et pas qu’une fois, mais à chaque sacrement célébré. Pensez-y tout à l’heure à la communion : C’est sa vie qu’il offre pour que vous vivez de la sienne, qu’elle sème en vous l’Eternité que lui seul peut vous donner.

Alors rendons à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu et quand nous irons voter n’oublions pas que nous élirons un président qui sera au mieux un sauveteur. A une semaine de Noël, tournons plutôt nos cœurs et nos âmes vers Dieu qui seul nous procurera le Salut. Allons à la crèche et là contemplant Dieu dans l’humilité de son incarnation, Jésus Sauveur et redisons-lui avec les mots du psaume : Jamais plus nous n’irons loin de toi : fais-nous vivre et invoquer ton nom ! Amen