
Évangile de JC selon saint Luc En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre – ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine. Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David. Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte. Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime.
Nombreux sont les observateurs avisés qui soulignent qu’un nouveau monde est en train d’advenir. La cause première en est le changement radical du regard que l’homme porte sur lui-même, sur sa présence dans ce monde, sur ses origines, sur sa destinée. D’un côté on nous promet des hommes augmentés, bientôt immortels, des colonies humaines sur Mars et des voyages interstellaires, etc. et de l’autre côté les théoriciens de l’antispécisme nous prient de considérer l’homme uniquement comme un animal parmi les autres ! Drôle de paradoxe d’imaginer que l’homme augmenté demain par l’Intelligence Artificielle aura la même dignité qu’un animal de compagnie !!
Nous imposer un nouveau monde exige de balayer l’ancien en poussant les élites de notre époque à renier les fondements de notre civilisation dont la foi chrétienne et la culture greco-romaine sont les symboles. Ainsi des commissaires européens proposaient en l’espace d’un mois et par souci d’inclusivité, de supprimer les mentions de Noël, de favoriser le port du niqab et de ne plus appeler son enfant « Marie » mais plutôt « Malika ». Mais la levée de boucliers que ces propositions ont déclenchée souligne que notre civilisation actuelle, bien que précarisée n’est pas encore morte !
Oui, la précarité règne désormais dans le monde où nous évoluons. Précarité économique, climatique et affective, précarité culturelle qu’on appelle aussi « société liquide » et maintenant précarité de la santé mise en exergue par la crise planétaire de la covid. Tout passe vite, rien ne dure, on ne peut plus s’appuyer sur des valeurs ou même la vérité pour construire notre vie (car on a chacun la sienne comme on dit !) Est-ce une nouveauté ?
Non déjà 2000 ans plus tôt c’était le cas comme l’évangile de ce soir nous le rappelle : la mégalomanie d’un empereur désireux de recenser tous ses sujets ; un peuple juif laminé par des siècles d’occupation, des bergers qui vivaient dehors, sdf de l’époque ; un couple dont le mari a accepté de prendre pour épouse une femme enceinte d’un autre, et qui loin de son lieu d’habitation voit madame accoucher dans une étable.
Personne alors ne savait combien cette naissance-là allait changer la face du monde et être le point de départ d’une nouvelle civilisation, la nôtre depuis 2021 ans.
C’est cet évènement que nous célébrons encore cette année, c’est cette naissance qui justifie de fêter Noël et de rassembler sa famille pour en faire mémoire. D’ailleurs beaucoup d’entre vous en rentrant déposerons l’enfant Jésus dans la crèche que vous avez faite près du sapin de Noël. Ainsi demandons-nous, ce que nous sommes venu faire ce soir dans cette église : sommes-nous ici pour contempler les derniers feux de notre civilisation bimillénaire ou pour réaffirmer qu’elle est encore bien vivante et que cet évènement de Noël, la naissance du Sauveur est la meilleure réponse à la crise civilisationnelle que nous traversons ?
Face aux peurs du changement, aux craintes de déclassement, aux doutes sur nos capacités à rebondir, à se sortir de cette crise majeure, la réponse du ciel est toujours la même, donnée à l’époque par les anges : « ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, … Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. »
Les amis ! Et si c’était à nouveau cette naissance humble et pauvre de Dieu parmi nous qui était le signe d’un vrai et durable renouveau de notre civilisation ? Osons revenir à la source, osons revenir à la simplicité de la crèche :
Quittons nos palais humains, nos certitudes de tout maîtriser. Mettons de côté nos conforts matériels et intellectuels, car Dieu nous invite à plus de simplicité. Il désire que nous retrouvions notre esprit d’enfance et sa capacité d’émerveillement. Laissons-nous saisir par la beauté inouïe de la vie naissante : si fragile et si forte, signe de tant d’espérance, signe de la victoire de la vie sur la culture de mort et du déchet que produit notre société.
Que nos maisons deviennent des crèches ouvertes à tous et non pas des bunkers surprotégés. Décidons de faire de nos vies de familles des lieux d’entente, de réconciliation et de paix et non pas des terrains d’affrontement et de règlement de compte. Décidons de faire de notre âme et de notre cœur un lieu de repos pour notre Dieu et non pas un terrain de jeu pour le mal, la jalousie, l’envie et la médisance.
Décidons en cette soirée de Noël de revêtir la vie divine que le Christ, dans sa grande humilité, nous offrira lors de la communion à son Corps et à son Sang. Car rappelle st Paul à Tite dans la 2° lecture : le Seigneur Jésus nous apprend à rejeter le péché et les passions d’ici-bas, pour vivre dans le monde présent en hommes raisonnables, justes et religieux.
Alors, êtes-vous prêts pour un vrai changement civilisationnel ? Pour être les acteurs, les bâtisseurs de la civilisation de l’Agneau de Dieu, du Prince de la paix qui n’aura son achèvement qu’à la fin des temps ? A vous maintenant de choisir votre camp, à vous de lui donner votre réponse. Amen