homélie du baptême du Seigneur

Célébrer le Baptême du Seigneur à domicile - Diocèse de ...

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc : En ce temps-là, le peuple venu auprès de Jean le Baptiste était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Christ. Jean s’adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. » Comme tout le peuple se faisait baptiser et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait, le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus, et il y eut une voix venant du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. 

Aujourd’hui le mot « baptême » est le plus souvent associé à une première expérience comme un baptême de l’air, un saut à l’élastique, ou à une démarche qui est tout sauf spirituelle : l’inénarrable baptême républicain !

Peu savent désormais ce qu’est le baptême chrétien, surtout ceux qui l’ont reçu car leurs parents « voulaient les placer sous une bonne étoile et qu’ils aient de bonnes valeurs. » Comme s’il suffisait, comme le chante la comptine pour enfant : « une souris verte… » de trempez son enfant dans l’huile du Saint-Chrême et dans l’eau du baptême pour en faire « un petit catho tout chaud » !

C’est que le baptême n’est pas un acte magique, s’il garantissait de ne jamais tomber malade ou de gagner au moins une fois au loto, tout le monde ferait la queue devant les églises pour le recevoir ! Non le baptême n’est pas une assurance tout risque, ni un paratonnerre contre les épreuves ! Il n’est pas un gri-gri qu’on agite face au danger, ou un certificat que l’on sort des archives le jour où l’on veut se marier à l’église ou y être enterré. Je me souviens de cette réflexion pleine d’humour d’un paroissien du haut Jura qui le jour des obsèques de sa voisine qui habitait juste en face de l’Eglise me dit « c’est la deuxième fois qu’elle traverse la rue ! »

Le baptême est l’acte par lequel, plongés dans la mort et la résurrection du Christ, nous sommes libérés du péché originel et nous revêtons la vie éternelle, devenant à jamais, si nous en vivons les exigences, les enfants de Dieu, ses fils et ses filles bien-aimés en qui Dieu trouve sa joie.

Oui par notre baptême vécu au quotidien nous faisons la joie de Dieu car nous commençons à réaliser ce pour quoi nous avons été créés. C’est cela que vivent les catéchumènes, (et que vous allez vivre Kendra, Sidaline, Sébastien et Thibaut,) en demandant le baptême ils posent (vous posez) un acte libre qui exprime leur (votre) désir de conversion au Christ. Comme l’écrivait justement Tertullien au 2° siècle « On ne naît pas chrétien, on le devient » et le baptême est la porte d’entrée dans la vie chrétienne.

Voilà pourquoi, pour eux la préparation au sacrement est longue, car ils doivent être catéchisés avant de recevoir le baptême afin de poser un acte libre et conscient. En revanche pour ceux qui furent baptisés enfant il faut distinguer le rituel que le prêtre a réalisé sur nous à la demande de nos parents et l’appropriation par chacun de ce qu’il implique, exige et permet dans notre vie sociale concrète, à travers des enseignements et des catéchèses.

Et c’est là vous le savez bien que le bas blesse, car la plupart des baptisés d’aujourd’hui n’ont jamais eu la moindre catéchèse, le moindre enseignement religieux ou spirituel. La vie éternelle qu’ils reçoivent ce jour-là, cette adoption divine qui donne des droits, impose aussi des devoirs. Car être baptisé c’est vivre en Chrétien ! Qui les aidera à découvrir comme l’écrit Paul à Tite que par le bain du baptême, Dieu les a fait renaître et les a renouvelés dans l’Esprit Saint ? Qui leur donnera accès à toute la richesse de leur vocation, la grandeur de leur dignité, la beauté de Dieu qui rayonne à travers leur âme ? Qui sinon nous ? Pourtant soyons honnêtes, nous-mêmes, ne considérons-nous pas que nous n’avons plus besoin de formation ? Si peu d’entre nous font partie d’un groupe biblique, de prière, de catéchèse pour adulte, etc… il doit arriver que les eaux de notre baptême soient un peu croupissantes, qu’elles manquent de la nécessaire oxygénation permisse par la lecture méditée de la Bible, les groupes de livret ou de réflexion, la prière, par une vie fraternelle charitable active et généreuse. Paul rappelle à Tite et donc à chacun de nous que Jésus s’est donné pour nous, afin …de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.

Oui le baptême chrétien, tout au contraire du baptême civil dont l’Etat Français sur le site du service-public avoue lui-même « qu’il n’est prévu par aucun texte et ne crée aucune obligation », nous intègre dans un peuple dont la vocation, dont l’obligation, jusqu’ à la fin des temps est d’être ardent à faire le bien. C’est-à-dire un peuple tellement embrasé de l’Amour de Dieu qu’il n’aura de cesse de le propager à toute la société : feu de la miséricorde, feu de la charité, feu de la compassion, feu de la prière. Oui frères et sœurs (et vous Kendra, Sidaline, Sébastien et Thibaut) voulez-vous être les torchères enflammées de cet amour-là que l’Eglise placera dans ce monde pour éclairer le chemin du salut à tous ceux qui le désirent ?

Chers amis, si vous êtes venus ce matin, c’est aussi pour purifier les eaux de votre baptême au feu de la miséricorde de Dieu et parce que vous savez que dans l’Eucharistie nous puisons le « carburant » qui nourrit la flamme de notre amour de Dieu et du prochain. Alors que commence demain le temps ordinaire, n’oublions pas, plus que jamais de rayonner le Christ ! Amen