homélie du 4° dimanche ordinaire C

Évangile de J-C selon st Luc : En ce temps-là, dans la synagogue de Nazareth, après la lecture du livre d’Isaïe, Jésus déclara : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre » Tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche. Ils se disaient : « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? » Mais il leur dit : « Sûrement vous allez me citer le dicton : ‘Médecin, guéris-toi toi-même’, et me dire : ‘Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm : fais donc de même ici dans ton lieu d’origine !’ » Puis il ajouta : « Amen, je vous le dis :  aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays. En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël ; pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère. Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; et aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman le Syrien. » À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas. Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.

Très souvent nous pensons qu’avoir des informations sur quelqu’un, savoir ceci ou cela sur lui : ses moindres faits et gestes, sa couleur préférée, sa profession, le nom de ses parents ou celui de son chien suffisent à le connaître. Si tel était le cas, alors il suffirait de lire la biographie d’un personnage historique célèbre, ou le CV complet d’une personne pour prétendre la connaître. Quand bien même aurions-nous accès à toutes les infos concernant son intimité, cela ne fait pas de nous l’un de ses proches. Si je vous raconte des tas de détail sur la vie de l’un de mes amis, cela fait de moi un indiscret mais ne fait pas de vous son proche, son ami.

Oui trop souvent nous confondons savoir et connaître. Et la Bible nous est précieuse pour illustrer leur différence, nous montrant les limites du savoir et tout le potentiel de la connaissance. D’abord dans l’Evangile on lit que les démons savent des tas de choses sur Jésus. Par exemple l’un d’eux, l’esprit impur qui possédait l’homme dans la synagogue de Capharnaüm s’écrit en voyant Jésus : « je sais bien qui tu es, le saint, le Saint de Dieu ». Pour autant et sans trop m’avancer je peux affirmer que cet esprit impur ne connait pas Jésus, qu’il n’est pas son ami ! De même les habitants de Nazareth dans l’évangile de ce matin qui savent des choses sur Jésus s’interrogent : N’est-ce pas là le fils de Joseph ? Mais cela ne fait pas d’eux des intimes de Jésus.

  1. Connaître c’est entrer en relation intime.

Vous l’aurez compris, connaître quelqu’un exige d’entrer en relation avec lui ; plus encore de faire alliance avec lui c’est-à-dire d’entrer en communion le plus intimement possible. Ainsi dans l’Ecriture lit-on dans le livre de la Genèse, au chp 4 verset 1 qu’Adam connut Eve et que cette connaissance donna naissance à un enfant !

Et c’est parfois le grand problème que nous rencontrons dans la foi : nous savons des tas de choses sur Jésus grâce à la catéchèse que nous avons reçue, aux livres ou articles que nous lisons, mais le connaissons-nous ? Prenons-nous le temps (et croyons-nous que c’est possible ?) de le rencontrer, de faire alliance avec Lui, de nous unir à Lui ? Cela c’est le fait de la prière, de la méditation, des sacrements. Oui frères et sœurs c’est dans les sacrements, la prière, l’oraison que nous passons du savoir à la connaissance, que nous devenons les intimes du Seigneur. Alors prenons-nous chaque jour un peu de notre précieux temps pour vivre avec Lui au plus près de Lui ?

2. Connaître un cheminement.

S’il faut prendre du temps régulièrement c’est que connaître est un chemin. Et qui dit chemin dit un départ, une traversée et une arrivée. Un départ qui est le fait de Dieu comme l’expérimente le prophète Jérémie dans la première lecture à qui Il dit : Avant même de te façonner dans le sein de ta mère, je te connaissais. C’est aussi celle de Paul qui écrit : ce jour-là, je connaîtrai parfaitement, comme j’ai été connu.

La grande expérience que décrit saint Paul aux Corinthiens et qu’il nous invite à partager c’est l’apprivoisement progressif entre Dieu et lui. Il écrit : Actuellement, ma connaissance est partielle ! Il en faut de l’humilité à Paul pour convenir qu’il est en chemin, que peu à peu le Seigneur Jésus le prépare à la pleine communion. Je ris toujours quand des enfants du caté me disent « ça je le connais déjà » voulant dire « je le sais » qui en effet oserait dire qu’il est déjà en pleine communion avec le Seigneur ? Sachant que c’est au ciel seulement qu’elle se réalisera ! Ainsi pour être sûr d’y parvenir le processus de connaissance exige l’amour.

3. Connaître c’est aimer.

Pour avancer sur le chemin de la connaissance, Paul rappelle que si demeure aujourd’hui, la foi, l’espérance et la charité, au terme du voyage une seule aura à demeurer pour toujours afin que l’alliance qu’exige la connaissance soit éternelle. C’est la charité comme conclut Paul qui écrit : mais la plus grande des trois, c’est la charité.

Oui c’est la charité, la plénitude de l’amour, qu’il faut cultiver et que le Seigneur offre déjà dès ce monde dans le grand sacrement de l’Eucharistie. En effet, quelle intimité plus grande peut-il offrir que celle de vous dire en chaque eucharistie : « ceci est mon corps livré pour vous ! ». Il vient s’unir à nos âmes comme Adam s’est uni à Eve. Nous comprenons alors que connaître quelqu’un exige d’exercer la vertu de charité. Sans amour on ne peut pas connaître quelqu’un.

Et voilà donc ce que Dieu attend de nous depuis toujours, ce qu’il a dit à Jérémie dans la 1° lecture, Il nous le redit ce matin : avant que tu viennes au jour, je t’ai consacré ; je fais de toi un prophète pour les nations. Oui frères et sœurs Dieu en faisant alliance avec nous, en se faisant connaître par le don de sa vie au plus intime de notre être par les sacrements, nous institue prophète de l’amour, témoin véridique de la charité. Alors faisons de nos communautés des puits d’amour où tous les assoiffés viendront puiser sens et consistance pour leur vie. Amen