
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc : En ce temps-là, Jésus descendit de la montagne avec les Douze et s’arrêta sur un terrain plat. Il y avait là un grand nombre de ses disciples, et une grande multitude de gens venus de toute la Judée, de Jérusalem, et du littoral de Tyr et de Sidon. Et Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara : « Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous. Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés. Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez. Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l’homme. Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie, car alors votre récompense est grande dans le ciel ; c’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes. Mais quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation ! Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim ! Quel malheur pour vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et vous pleurerez ! Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous ! C’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes. »
Jésus, retiré dans la montagne pour prier, choisit parmi les disciples ceux qui seront les douze apôtres et avec eux il s’arrête sur un terrain plat rejoignant une grande multitude de gens dont il est dit dans l’évangile (ces versets sont omis dans le texte de la liturgie) qu’ils étaient venus l’entendre et se faire guérir car une force sortait de Lui. Le texte précise aussitôt après que : Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara… Oui l’enseignement de Jésus est d’abord à destination des ceux qui le suivent, de ceux qu’il a choisis pour être plus tard les piliers de son Eglise naissante. C’est que les apôtres fraichement choisis par Jésus auront vite fait de se prendre au sérieux, de se considérer comme des personnes importantes du style « moi monsieur j’ai été choisi par Jésus ! », rappelez-vous en effet dans les évangiles quand ils discutent entre eux pour savoir qui est le plus grand, ou quand Jean et Jacques veulent griller par la foudre des récalcitrants. Oui, les disciples qui marchent avec Jésus, assistant à des guérisons, à des miracles, à des exorcismes qui révèlent la puissance de son autorité sur la maladie et les démons, pourraient oublier que le chemin du Royaume n’est pas pavé que de belles fleurs mais aussi d’épines et d’obstacles. Les merveilles qu’opère Jésus ne doivent pas cacher les oppositions qu’il rencontre : le monde nouveau qu’il veut établir en restaurant notre humanité va se heurter au mensonge, au désir de pouvoir, aux influences obscures ; au refus des puissants d’abdiquer leur autorité. N’oublions jamais que Satan, chassé du ciel, a décidé de ravager la terre et d’y semer la discorde. D’ailleurs juste après son baptême, il tente Jésus au désert, lui offrant le pouvoir sur la terre à condition de se prosterner devant lui.
Tout cela conduira Jésus à la mort. Et comme le disciple n’est pas au-dessus du maître, ce que Jésus affronte, les apôtres aussi l’affronteront. Ainsi en les enseignant Jésus veut les préparer à sa propre passion mais aussi, en temps et en heure à la leur. Le témoignage qu’Il rendra à la vérité, eux aussi auront à le rendre ; et on sait qu’elle est interminable la liste de ceux et celles qui sont morts en fidélité au Christ.
Voilà pourquoi il faudra du temps aux disciples. Trois années à la suite de Jésus et le don de l’Esprit Saint à Pentecôte pour peu à peu saisir ce que c’est qu’être apôtres de la Bonne Nouvelle et serviteur de la Vérité. Et ce qui vaut pour les disciples vaut pour les baptisés-confirmés que nous sommes. Devenir témoin de la Bonne Nouvelle, serviteur de la vérité requière trois choses selon les textes de la liturgie :
Être enracinés en Dieu.
Notre foi n’est pas d’abord une liste de choses ou propositions à croire ou à savoir, elle est une relation vivante à Dieu. Béni soit l’homme qui met sa foi dans le Seigneur, dont le Seigneur est la confiance rappelle Jérémie. Et une relation cela s’entretient : prière, silence, messe, lecture et méditation de l’Ecriture, adoration, louange, visite au saint-Sacrement, mais aussi exercice concret de la charité. Oui croire c’est pratiquer tout cela car par ces moyens nous entrons en intimité avec Dieu grâce à l’Esprit Saint qui travaille en nous. Qu’importe alors le temps, la sécheresse, la chaleur : comme un arbre planté près des eaux, …son feuillage reste vert… il ne manque pas de porter du fruit en son temps.
Accepter nos manques, nos dépendances.
Comme l’arbre à besoin de l’eau pour porter du fruit, l’homme a besoin de Dieu pour une vie fructueuse. Cette dépendance doit être assumée, nos manques sont chemin de bonheur. Heureux ceux qui manquent : les pauvres, les affamés, les affligés rappelle saint Luc dans l’évangile. Tout l’inverse de notre société matérialiste qui se croit au top et préservée parce que repue de confort, de santé, de sécurité, etc. Cette société mettra dans les mois qui viennent un président à sa tête censé garantir tout cela. Comme si son salut se trouvait là ! (Sont-ce son président, son médecin, son banquier ou son installateur d’alarme qui témoigneront devant Dieu de la probité d’un homme?) Jérémie a une parole tranchante sur eux : Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un mortel, qui s’appuie sur un être de chair, tandis que son cœur se détourne du Seigneur.
Jésus : Dieu sauve
L’abîme creusé en nous par le péché ne peut être comblé que par un don extérieur. Ce don, ce salut c’est Jésus lui-même. Alors Si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement c’est-à-dire si nous réduisons Jésus à un enseignement moral à appliquer pour bien vivre sur terre, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes.
Mais Jésus est plus que cela, il est le Dieu Sauveur dont la mort, la résurrection et l’ascension balisent le chemin de l’homme de foi vers le ciel. Grâce aux sacrements qu’il a institués nous faisons déjà une alliance d’amour avec lui, il s’établit en nous et il devient dès ce monde le berger qui nous fera traverser les ravins de la mort pour nous conduire jusqu’en paradis. Le croyez-vous ?
Frères et sœurs ce matin, enraciné en Dieu, conscients de nos manques recevons comme un don Jésus sauveur dans l’Eucharistie : il est notre chemin vers l’éternité. Amen