Évangile de Jésus Christ selon saint Jean : Au cours du dernier repas que Jésus prenait avec ses disciples, quand Judas fut sorti du cénacle, Jésus déclara : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt. Petits enfants, c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous. Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »
La lecture de l’Apocalypse d’aujourd’hui se termine ainsi : Celui qui siégeait sur le Trône déclara : « Voici que je fais toutes choses nouvelles ». Est-ce une nouveauté déjà présente ou à venir ? En effet, comment affirmer que Dieu fait toutes choses nouvelles alors que depuis la mort et la résurrection du Seigneur Jésus, il semble que la vie se poursuit comme avant avec son lot de morts, de joies, de peines, de guerres, de trahison ou d’actes héroïques mus par un amour vrai et saint
Alors où est-elle la nouveauté ? qu’est-ce donc que le Christ a apporté de neuf qui vaille que depuis 2000 ans, des saints extraordinaires et très ordinaires, des vierges, des laïcs, des pères et des mères de familles, même des enfants, des prêtres, des religieuses, donnent leur vie à cause de leur fidélité à son Nom ? Pour quelle nouveauté vaut-il la peine de vivre le mariage indissoluble dans la fidélité ou de vivre la consécration dans le célibat, l’obéissance et la pauvreté ? Pour quelle nouveauté prier à genoux, assis ou debout, faire le signe de croix ou réciter son chapelet ? Qu’est-ce donc qui vous pousse à venir à la messe chaque dimanche ?
Quelle nouveauté, sinon cette folle certitude que sur la croix Jésus a tout renouvelé dans l’amour qui va jusqu’au bout. En effet, l’évangile de Jean que nous venons d’entendre introduit le dernier discours de Jésus commandant à ses disciples de s’aimer les uns les autres comme il les a aimés. Or cet évangile se trouve exactement entre la trahison de Juda et l’annonce du reniment de Pierre. La grande nouveauté de Jésus, C’est-à-dire son appel absolu à l’amour sans condition, se trouve entre un acte de trahison et l’annonce d’un reniement. C’est comme une préfiguration de sa passion à venir. En effet, au jour de l’amour offert sur la croix Jésus sera entouré de deux brigands, deux larrons : l’un comme Juda refusera le repentir ; l’autre comme Pierre se laissera restaurer par l’amour qui pardonne, jusqu’à s’entendre dire « aujourd’hui même tu seras avec moi au paradis ».
Oui frères et sœurs, sur la croix, quand le Christ est au plus bas, alors qu’il devient de plus en plus l’image de l’humanité bafouée et souffrante, il affirme contre toute évidence qu’il fait toute chose nouvelle. Que du don unique et définitif de sa vie sur la croix jaillira une humanité renouvelée. Sur la croix l’homme nouveau est enfanté dans l’amour absolu. Amour total de Dieu pour les hommes qui rend à son tour l’homme capable d’amour total pour les siens. Jésus par avance dit à Pierre comme à chacun de nous : l’amour peut engloutir tous nos reniements, nos misères, nos pauvretés. Celui qui se laisse aimer par Dieu et vit de cet amour est renouvelé et il peut à son tour aimer comme Dieu.
Si nous avons déjà aimé en vérité, nous savons qu’aimer est crucifiant ! Si nous aimons comme Dieu, comme Dieu nous souffrirons. Paul et Barnabé nous le rappelle dans l’extrait des actes de apôtres que nous avons entendu : ils affermissaient le courage des disciples ; ils les exhortaient à persévérer dans la foi, en disant : » Il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le royaume de Dieu !
Oui il faut souvent nous le redire : assumer notre foi exige de toujours choisir le pardon, d’être miséricordieux et comme nous y invite Jésus d’aimer sans faille jusqu’à souhaiter la conversion et le salut de nos ennemis. Car, selon le Seigneur dans l’Evangile, c’est à cela qu’on reconnaîtra que nous sommes ses disciples.
Aimer une personne, ce n’est pas adhérer à sa pensée ou à ses actes, c’est d’abord prier pour elle et même aller jusqu’à l’offrande de soi à Dieu pour sa conversion, pour qu’elle goûte jusqu’à l’ivresse la joie d’être à Dieu dans la fidélité à son enseignement.
N’espérons rien d’autre pour tout homme et pour chaque homme que de connaître et d’aimer Jésus par son Eglise, afin qu’à l’heure choisie par Dieu, quand descendra du ciel, d’auprès de Dieu, la cité sainte, la Jérusalem nouvelle, chacun puisse accéder et s’immerger dans l’océan d’amour qu’est la communion du Père, du Fils et du Saint Esprit.
Que cette Eucharistie, qui nous offre dès ici bas les prémices de la vie éternelle, nous emplisse d’amour et nous affermisse dans notre mission de témoins fidèles du Christ et de son Eglise, pour le salut du Monde. Amen