
Évangile selon saint Jean : En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : «Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé. Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. Vous avez entendu ce que je vous ai dit : Je m’en vais, et je reviens vers vous. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi. Je vous ai dit ces choses maintenant, avant qu’elles n’arrivent; ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez.»
Nous pouvons relever un don important que Jésus nous fait au moment de sa Passion et qui est cité dans l’évangile d’aujourd’hui : la paix, qu’il nous laisse et nous donne ; précisant que ce n’est pas à la manière du monde qu’il nous la donne.
Et pour nous aider à comprendre et vivre au quotidien ce grand don de la Paix, Jésus nous assure du secours de l’Esprit Saint que le Père enverra en son nom, et qui nous enseignera tout. C’est donc lui que nous devons invoquer spécialement pour comprendre toute la beauté et l’urgence qu’il y a à recevoir et promouvoir la paix selon Dieu.
Le mot paix présent 337 fois dans la Bible, dont 83 fois dans le Nouveau Testament est un thème biblique très important. Cependant il faut bien le comprendre dans son sens judéo-chrétien. C’est-à-dire qu’il ne s’agit pas de l’absence de guerre ni d’une espèce de bien-être indéfinissable. La paix est un état de plénitude à la fois spirituelle, sociale, mondiale et écologique. Cette plénitude que nous avons connue au tout début de la création, nous la connaîtrons à nouveau à la fin des temps, grâce au Christ qui s’est fait notre paix sur le bois de la croix. Mais dans l’attente de voir la Jérusalem céleste (la cité de la paix comme le signifie son nom) si magnifiquement décrite par st Jean dans son apocalypse descendre du ciel à la fin des temps, il nous faut établir dans notre monde le règne du Christ qui est un règne de justice et de paix.
Il y aura donc sans surprise trois parties dans mon homélie : la paix originelle, le Christ notre Paix et la justice signe d’un cœur apaisé.
1/ La paix originelle :
Si nous désirons toujours une véritable paix intérieure qui permettrait une relation vraie, simple et confiante entre toutes les personnes, avec Dieu et la nature, c’est que nous gardons en nous, comme dans nos gènes, la mémoire de cette béatitude originelle : l’absolue simplicité des relations entre Dieu, les hommes et la création, sans crainte ni apriori.
Malheureusement le péché originel a semé le trouble, l’envie et la division parmi les hommes, dans leur rapport à Dieu et à la création. Les relations entre l’homme et la nature sont désormais des lieux de pouvoir, de manipulation et de domination. Les hommes chassés du paradis sont voués à « en baver » sur cette terre, dans cette création désormais hostile. Mais Dieu, loin de se résigner à cet échec, veut rétablir l’harmonie des origines et bien plus encore.
2/ Le Christ notre Paix :
En la personne de son Fils Jésus le Christ, qu’il a envoyé auprès des hommes, Dieu rétablit la Paix entre Lui et nous. Comme l’écrira Paul aux Ephésiens (2,14-16) : « C’est le Christ, qui est notre paix : … il a voulu créer en lui un seul Homme nouveau en faisant la paix, et réconcilier avec Dieu les uns et les autres … par le moyen de la croix ; en sa personne, il a tué la haine. ». Oui la paix jaillit du cœur transpercé du Christ qui est la source de la miséricorde de Dieu. Et l’eau vive de cette source ce sont les sacrements et au plus haut point de l’Eucharistie et de la réconciliation. Combien disent après la confession ou la messe : je repars le cœur en paix, c’est-à-dire avec une vie plus en harmonie car saisie et purifiée par le Christ. Pourtant ce bien être ne dure pas toujours et souvent nous retombons dans nos travers, voilà pourquoi ces sacrements sont toujours renouvelables.
3- La justice est au service de la paix. :
Le bon moyen de tenir son cœur dans la paix est de comprendre que la paix que Jésus donne doit être déployée, mise au service des autres. Elle est un appel à agir. Le psaume 84 dit : « justice et paix s’embrassent ». Oui notre cœur demeure en paix quand nous œuvrons à la justice. Comme le proclame la 7° béatitude dans l’Evangile de Matthieu : « heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu ». Et La justice qu’il faut établir est celle de Dieu. Un monde qui méprise la vérité de la loi naturelle et l’infinie dignité de tout homme et de toute femme dans leurs différences spécifiques et leur totale complémentarité, ne pourra jamais être en paix. La vraie Paix nous propulse dans l’espérance et tourne notre regard vers la joie éternelle.
Aujourd’hui encore abreuvons nous à la source de la Paix et recevons joyeusement celui qui vient chez nous pour faire en nous sa demeure. Que le Seigneur, nous établissant dans la paix par la communion à son Corps, nourrissent aussi notre désir d’œuvrer concrètement à la justice pour qu’advienne enfin son royaume ! Amen.