homélie Pentecôte P. Arnaud

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Romains : Frères,  ceux qui sont sous l’emprise de la chair ne peuvent pas plaire à Dieu.     Or, vous, vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, mais sous celle de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. Celui qui n’a pas l’Esprit du Christ ne lui appartient pas.  Mais si le Christ est en vous, le corps, il est vrai, reste marqué par la mort à cause du péché, mais l’Esprit vous fait vivre, puisque vous êtes devenus des justes. Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. Ainsi donc, frères, nous avons une dette, mais elle n’est pas envers la chair pour devoir vivre selon la chair. Car si vous vivez selon la chair, vous allez mourir ; mais si, par l’Esprit, vous tuez les agissements de l’homme pécheur, vous vivrez. En effet, tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la peur ; mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; et c’est en lui que nous crions « Abba ! », c’est-à-dire : Père ! C’est donc l’Esprit Saint lui-même qui atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Puisque nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers : héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, si du moins nous souffrons avec lui pour être avec lui dans la gloire.

Pas facile ce matin d’entendre les propos suivants de Paul aux Romains : tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. En effet, en relisant, même rapidement, notre vie plongée dans l’Esprit lors de notre baptême et de notre confirmation, on peut constater l’écart qu’il y a entre la vie que nous menons et celle d’un fils de Dieu (telle que la présente Paul). Oui, nous demeurons encore de pauvres pécheurs, mais des pécheurs qui, entrés depuis le jour de leur baptême dans le dynamisme de l’Esprit Saint, sont en voie de perfectionnement, d’achèvement. L’Esprit Saint que nous avons reçu travaille en nous, nous transforme, nous pétrit de vie divine. Cela ne se fait pas sans douleur, sans bataille, sans renoncement ni abandon ou chute. Paul l’exprime parfaitement, comparant notre transformation, notre christification à un enfantement : je le cite : Nous le savons bien, la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore. Et elle n’est pas seule. Nous aussi, en nous-mêmes, nous gémissons. On veut imaginer bien souvent que Dieu peut se contenter de ce qu’on lui donne, faire avec ce qu’il y a. Pourtant cette phase n’est que la première, celle de l’exposition en vérité de notre être et de toute notre vie au feu de l’Esprit Saint ! Mais après, l’Esprit Saint en nous doit faire son œuvre et c’est bien à partir du moment où nous laissons le feu divin brûler en nous les scories de nos laideurs morales et spirituelles, de nos faiblesses et de nos faillites que le changement, l’évolution, la transformation peut s’opérer. Dieu nous accueille tel que nous sommes, mais pour nous préparer à participer à ce qu’il est !

Et ce qu’il veut faire de nous n’est ni plus ni moins que ses enfants, ses héritiers. Or celui qui nous permet de devenir cela c’est l’Esprit Saint, comme le rappelle encore Paul aux Romains : vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; et c’est en lui que nous crions « Abba ! », c’est-à-dire : Père ! C’est donc l’Esprit Saint lui-même qui atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Cette possibilité de transformer le mortel en immortel, le médiocre en parfait, le périssable en impérissable ne peut venir que d’un don de Dieu en nous qui permet, dans le silence, notre transformation, notre divinisation.

Redites-le-vous souvent frères et sœurs devant la glace de la Salle de bain le matin au lever quand vous n’êtes encore pas réveillé ni bien beau à voir : Je suis un fils, une fille de Dieu, l’Esprit-Saint fait de moi son héritier. Oui posez un acte d’espérance : croyez fermement que vous êtes déjà ce que vous devenez peu à peu, croyez que ce qui est en train de se transformer est comme déjà achevé. Il s’agit de considérer que le processus de transformation initié par l’Esprit Saint en vue de restaurer en nous l’image du Père est irréversible et que déjà nous resplendissons de la gloire et de la Lumière divine.

Cette folie de l’espérance qui contredit si ouvertement la réalité visible de nos vies est possible car Jésus le Christ a déjà achevé en lui ce que nous attendons de vivre à la fin des temps. Comme le rappelle notre pape Benoît dans son encyclique « Sauvés dans l’espérance » : la foi est la substance de l’espérance c’est à dire que ce que nous croyons est son contenu, sa définition. Alors, chers frères et sœurs, ce que vous croyiez, c’est cela que vous deviendrez, que vous vivrez. Ainsi poursuit le papa Benoît : voulons-nous vraiment vivre éternellement ? Peut être aujourd’hui de nombreuses personnes refusent la foi simplement parce que la vie éternelle ne leur semble pas quelque chose de désirable. Oui faute de bien savoir ce que c’est nous refusons de désirer le ciel, trop attachés aux réalités terrestres. Or Jean dit clairement que la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ. La vie éternelle est l’alliance de chacun de nous avec le Père et le Fils dans la plénitude de l’Amour ? Eternellement rendus capable d’aimer car éternellement aimés ; tout entier donnés au service des autres car ayant tout reçu du Père et du Fils.

Jésus disait à sainte Catherine de Sienne « Fais-toi capacité, je me ferai torrent ». Alors que désirez-vous ce matin ? Voulez-vous que l’Amour de Dieu se déverser torrentiellement en vous ? Oui ? Alors ouvrez-vous a lui qui par la communion eucharistique va se déverser tout entier en vous. Ouvrez-vous à l’Amour pour devenir non pas un petit ruisseau, non pas une rivière, mais un fleuve. Le fleuve de l’amour de Dieu, fleuve de charité, de justice et de service, qui permettront au Seigneur, à travers vous de désaltérer de la vraie vie ceux que vous croiserez : vos familles, vos amis, les habitants de votre quartier et mêmes les inconnus qui seront attirés par votre joie débordante. Le croyez seulement possible…. Rappelez-vous, on ne devient que ce que l’on croit être déjà ! Amen.