homélie de la Trinité

Lecture du livre des Proverbes : Écoutez ce que déclare la Sagesse de Dieu : « Le Seigneur m’a faite pour lui, principe de son action, première de ses œuvres, depuis toujours. Avant les siècles j’ai été formée, dès le commencement, avant l’apparition de la terre. Quand les abîmes n’existaient pas encore, je fus enfantée, quand n’étaient pas les sources jaillissantes. Avant que les montagnes ne soient fixées, avant les collines, je fus enfantée, avant que le Seigneur n’ait fait la terre et l’espace, les éléments primitifs du monde. Quand il établissait les cieux, j’étais là, quand il traçait l’horizon à la surface de l’abîme, qu’il amassait les nuages dans les hauteurs et maîtrisait les sources de l’abîme, quand il imposait à la mer ses limites, si bien que les eaux ne peuvent enfreindre son ordre, quand il établissait les fondements de la terre. Et moi, je grandissais à ses côtés. Je faisais ses délices jour après jour, jouant devant lui à tout moment, jouant dans l’univers, sur sa terre, et trouvant mes délices avec les fils des hommes. »

Il vous est certainement arrivé, à la nuit tombée, un soir où le ciel est bien dégagé, de sortir dans votre jardin pour contempler le ciel et prendre ainsi la mesure de l’immensité de l’univers que révèlent la multitude des étoiles. Nous les voyons à l’œil nu comme un point lumineux alors qu’elles sont souvent bien plus volumineuses que notre soleil. Face à ce somptueux panorama céleste on réalise mieux la place de l’humanité dans la création et le vertige alors nous saisit. Des tas de questions angoissantes viennent : qui est à l’origine de tout cela ? Que fait-on là ? Qu’est-ce que l’homme ? Tout cela a-t-il un sens, une direction ?

Ces mêmes questions le psalmiste se les pose et nous les partage dans cette magnifique méditation qu’est le psaume 8 : à voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles que tu fixas, qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme, que tu en prennes souci ? Cependant vous aurez remarqué qu’il prend déjà parti. En effet, deux grandes réponses s’offrent à celui qui s’interroge : ou l’angoisse de n’être rien d’autre que des êtres à la dérive dans un univers infini, chaotique et irrationnel ou la certitude d’être des personnes uniques, voulues et désirées par un Créateur qui a fait de la Terre l’écrin où il a déposé sa plus belle création, son plus beau bijou : l’être humain. Laquelle Terre appartient à un système solaire, à une galaxie elle-même intégrée dans une espèce de ballet cosmique où tout est bien synchronisé, harmonieux et ordonné.

Oui, la grande question est celle du sens de tout cela. Et la foi que nous professons affirme que l’univers est une création de Dieu donc intelligible et compréhensible. C’est ce que proclame la Sagesse dans la première lecture : « Le Seigneur m’a faite pour lui, principe de son action, première de ses œuvres, depuis toujours. Avant les siècles j’ai été formée, dès le commencement, avant l’apparition de la terre.

La Sagesse a présidé à la création du monde, et même des hommes que nous sommes. Elle dit en effet à la fin de la 1° lecture : Je faisais les délices (de Dieu) jour après jour, jouant devant lui à tout moment, jouant dans l’univers, sur sa terre, et trouvant mes délices avec les fils des hommes.  Ainsi la collaboration entre Dieu et la Sagesse qui s’établit dans l’amour réciproque et total révèle que la Sagesse de Dieu est Dieu lui-même. Ils sont donc bien Trois qui président à la création et au maintien de l’univers dans l’existence : Dieu, la Sagesse de Dieu et l’Amour qui les unit. Rien d’autre que la Trinité ainsi que l’Eglise appelle ces Trois qui ne font qu’Un.

Mais revenons à l’homme dont nous savons qu’il est l’œuvre d’amour commune de Dieu et de la Sagesse, la création du Père et du Fils dans l’Esprit. Le psalmiste écrit : Tu l’as voulu un peu moindre qu’un dieu, le couronnant de gloire et d’honneur ; Oui C’est ce que nous sommes, des dieux, et pas seulement chacun de nous, mais toute l’humanité créée à l’image et la ressemblance de Dieu. Nous sommes les seuls être vivants voulus et désirés pour eux-mêmes. Cette grâce, ce cadeau que Dieu nous fait nous oblige aussi, les uns par rapport aux autres et tous ensemble par rapport à la création. En effet, c’est d’abord une exigence due à notre condition divine que de respecter tout humain, de contempler l’être divin qu’il est depuis sa conception et jusqu’à sa fin naturelle, d’admirer en lui la grandeur, la beauté et la bonté de Dieu qu’il soit handicapé ou en pleine forme, noir ou blanc, blond ou brun, etc. La fraternité n’est pas un vain mot. Vécue en vérité elle édifie le Royaume de Dieu dans notre monde.

Ensuite notre rapport à la création est vital car, comme le dit le psaume Dieu établis (l’homme) sur les œuvres de ses mains, et mets toute chose à ses pieds. Cependant nous savons tous que le péché originel, qui a transformé la joie de l’homme à se satisfaire d’être un peu moindre qu’un dieu en désir de prendre sa place, a provoqué un déséquilibre dans la création. Dès lors l’homme ne va plus être gestionnaire de la création mais son exploiteur, il ne va plus la servir mais mettre la main sur elle, en être le maître. Sans cesse il faut remettre Dieu au centre de nos préoccupations, de nos réflexions, de nos initiatives. Comme le rappelle le pape François tout est lié, alors soyons force de conversion dans ce monde et par nos actes nos paroles réapprenons lui à être serviteur. Et avec François faisons monter vers Dieu notre prière pour la création : Ô Dieu, Un et Trine, communauté sublime d’amour infini, apprends nous à te contempler dans la beauté de l’univers, où tout nous parle de toi. Éveille notre louange et notre gratitude pour chaque être que tu as créé. Donne nous la grâce de nous sentir intimement unis à tout ce qui existe.  Dieu d’amour, montre nous notre place dans ce monde comme instruments de ton affection pour tous les êtres de cette terre, parce qu’aucun n’est oublié de toi. Illumine les détenteurs du pouvoir et de l’argent pour qu’ils se gardent du péché de l’indifférence, aiment le bien commun, promeuvent les faibles, et prennent soin de ce monde que nous habitons.

Et j’ajouterai, que ce qui vaut pour eux vaille pour nous aussi. Amen